Interview de l'auteur
Olivier Auffrédou a répondu à quelques questions sur sa vision de Shaan et la création de sa campagne Le Feu sous la Glace. Il s'est un peu retenu pour ne pas faire trop long, mais si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à poser vos questions dans les commentaires, on les lui transmettra et on en fera une autre publication.
Comment as-tu découvert Shaan ?
C'est par le biais du Groupe du Jeudi que j'ai rencontré Julien. En tant que meneur de jeu, il avait besoin de "cobayes" pour tester une Renaissance. Je me suis donné corps et âme. Mon premier perso à Shaan a donc été un Nomoï nommé Pierre. Puis j'ai opté pour Ham Ham'sh, un Ygwan érudit qui m'a accompagné durant la campagne Sareneï. Perso, il n'y a rien eu de mieux pour tester Shaan que de créer des persos… Le module de création a été le bienvenu.
Comment présenterais-tu ce monde à des gens qui ne le connaissent pas ?
Pour moi, Shaan est un monde pluriel. L'Héossie est un continent vaste et riche. On peut y pratiquer la magie, tisser des liens avec d'autres races, survivre en milieu hostile, éduquer des armimales ou bien alors déambuler dans une ville gangrénée par la technologie. Shaan c'est un monde de plusieurs mondes. C'est comme si Le Seigneur des Anneaux se déroulait à quelques lieues seulement de Bladerunner.
Comment est née cette campagne ?
Cela a tout d'abord été une envie d'écrire. Je venais de passer une semaine à la montagne et le cadre enneigé collait parfaitement à une idée que j'avais en tête : un convoi de volontaires malmené par les éléments mais soudé pour porter assistance à un village isolé. Ensuite, je me suis posé cette seule question : d'où venait le convoi ? J'ai donc commencé à faire le plan d'une ville hétéroclite gérée par plusieurs castes pas toujours sur la même longueur d'onde. Nangga était née et avec elle le début d'une plus vaste enquête…
Pourquoi ce titre "Le Feu sous la Glace" ?
Évidemment, le titre est en lien avec l'histoire. On peut le comprendre de plusieurs façons et aborder des notions de rivalités nord/sud ou encore de dessus/dessous. Je trouvais ce titre intrigant et plus sympa que le lait sur le feu, bien que l'urgence d'une mission et la découverte d'un danger latent semblaient coller avec ces deux éléments. Croquez une glace à pleines dents et vous comprendrez peut-être aussi ce froid mordant et découvrirez ce coeur fondant…
Quels aspects de l'univers t'ont inspiré et t'ont permis de te l'approprier ?
Le Manuel d'Itinérance et les suppléments de la gamme Shaan ont fait office de premiers secours. En les feuilletant, ils m'ont permis de trouver des anecdotes, des substrats d'histoires, des germes de lieux et de PNJ. En gros, je suis parti de l'existant pour développer mes propres histoires, surtout en Akeneï. Ce que j'ai écrit fera peut-être écho à d'autres scénaristes.
Quelles ont été tes inspirations littéraires, musicales ou cinématographiques ?
J'écris principalement le soir. J'ai souvent été porté par des musiques de film. J'ai même redécouvert Ennio Morricone. Un épisode du second tome de la campagne est également inspiré d'un chef d'oeuvre de Sergio Leone. Mais chut… ou alors si… juste un indice : Tuco ! Sinon, je ne cache pas mes penchants pour Lovecraft, Tolkien ou Franck Herbert. J'ai également un faible pour l'univers d'Andreas.
As-tu une méthode d'écriture particulière ou des conseils à donner à des joueurs qui voudraient se lancer dans la conception d'un scénario ?
Les mots entrainent les mots. Il n'y a pas de recette miracle. Il faut écrire beaucoup, oser enlever des paragraphes entiers, tout recommencer au besoin. Je conseille néanmoins de faire une trame, d'opter pour un fil conducteur. Pour ma part, je me suis calé dans la peau d'un perso. Que vais-je faire? Quels sont mes besoins? Comment ne pas me faire remarquer ? Après la phase écriture, il faut franchir une autre étape, c'est celle de se faire lire et d'accepter les remarques. Pour ceux qui sont un peu fainéants sur les bords, je conseille d'opter pour le Pouvoir de SAVOIR qui va bien pour ça : écriture éclair.
Tu illustres aussi la campagne, comment as-tu travaillé son identité visuelle ?
J'ai tout travaillé à l'ordi. J'ai d'abord fait des visages puis j'ai greffé des corps en dessous. C'était assez grossier mais ça donnait une attitude et des pistes pour les dessinateurs qui reprendraient les dessins ensuite. J'avoue que je préfère faire les bestioles. Créer quelque chose qui n'existe pas, lui donner un nom et une forme, m'a toujours passionné. C'est sans limite. On peut même s'inspirer de certaines espèces disparues depuis des millions d'années.
Croquis d'Olivier retravaillé par monsieur Cliff
As-tu un souvenir particulier qui t'a marqué pendant l'écriture ou le test de la campagne ?
Oui. Tout au début du test de la campagne. J'étais juste témoin des scènes et non acteur, j'étais juste preneur de notes. C'était étrange de voir les joueurs s'approprier l'espace, de nommer les choses ou les PNJ par leurs noms. C'était comme si ces noms avaient toujours existé. Le Groupe du Jeudi formait là un Shaani d'exception et semblait pouvoir résoudre l'enquête en deux temps trois mouvements grâce à leurs déductions d'enquête. Sur ce coup-là ils m'ont bluffé. Et puis il y a eu de nombreux fous rires par la suite et des situations cocasses… Dans 20 ans, on en parlera peut-être encore ! Nom d'un mulf, j'espère qu'il en sera de même pour de nombreux autres Shaanis.
|